Dernier jour au Cambodge : visite de Phnom Penh à pied

Samedi 13 Février :

Lever 6h45 pour attaquer à l'aube après une bonne nuit de sommeil. Je me douche puis file sac sur le dos avec mon lonely planet et mon appareil photo. À sept heures il fait déjà bon. Je descends le boulevard Norodom jusqu'au monument de l'indépendance, érigé en 1958, pour marquer la fin du protectorat français (1953), il a la forme inspirée de la tour centrale d'Angkor Vat.

Je suis une grande avenue aménagée en son centre avec de beaux espaces verts jusqu'à la rue qui passe devant le Vat Botum et qui se dirige vers le palais royal. Je passe devant l'entrée vers l'heure d'ouverture mais décide d'aller d'abord prendre mon petit déjeuner.

Je me pose dans un resto un peu plus loin et commande un café glacé, un riz sauté et un jus de mangue frais. Une fois restauré je me dirige vers 9h à l'entrée du palais royal, paye les 6,5$ d'entrée et suit le flot de touristes déjà bien dru.

Le site est l'actuelle résidence du roi du Cambodge et on a donc pas accès à tous les monuments, certains étant gardés car très près de la résidence résidence royale. La pagode principale et non accessible, l'intérieur seulement visible depuis ses diverses fenêtres, renferme la salle du trône, lieu de réception du roi. On ne voit guère de choses sinon que c'est tout en dorures. Elle est surmontée par une tour de 59m inspirée par le Bayon d'Angkor.

Plusieurs pagodes sont à voir dans ce complexe mais la plus majestueuse reste la pagode d'argent, Vat Preah Keo, comme sa voisine de Bangkok, qui doit son nom non pas à son aspect extérieur mais pour les 5000 dalles d'argent massif de 1kg chacune qui pavent le sol intérieur. Là aussi pas de photos possibles donc vous ne verez pas les fameuses dalles en question.

     

Sur les murs d'enceinte de ces quelques temples entourant la pagode d'argent, on peut voir une fresque qui raconte une bataille épique sur plus de 140m. Des zones sont très abîmées et en cours de restauration.

Je sors après une bonne heure de visite et me dirige vers le musée national, qui ressemble à une pagode, que j'avais aperçu ce matin. En chemin en mettant la 3G je vois que Quentin et Mariette écrivent qu'ils viennent aussi visiter le musée. On s'y retrouve donc après que j'en ai fait le tour (assez vite même s'il est très riche en statues et autres artefacts trouvés dans les temples d'Angkor, rassemblés et mis en collection par un historien d'art français, Georges Groslier).

On discute un peu et en regardant les cartes on se rend compte qu'on loge en fait dans la même rue, eux chez une copine expatriée, et moi à la Good Morning Guesthouse. On part ensemble déjeuner car il est presque midi et on choisit, grâce aux bons conseils donnés par leur amie à Quentin et Mariette, un restaurant où ils préparent les pâtes fraîches qu'ils vous cuisinent (que ce soit en soupe ou en nouilles sautées).

Le temps d'attente est un peu plus long mais le show est intéressant : le jeune malaxe la pâte et, par des mouvements expérimentés de torsion et d'étirements, produit des nouilles fines prêtes à être cuisinées. Je fais une petite vidéo et attend avec impatience mon plat. En plus c'est donné, 2,5$ le plat de nouilles sautées faites maison, on a pas vu mieux.

On avait regardé le restaurant d'application qui fait des tapas, "Friends" tout près mais c'était beaucoup plus cher. On se régale vraiment. On se sépare en se donnant rendez-vous devant chez eux vers 20h ce soir pour dîner. Moi je jette un coup d'oeil à la boutique de produits de friends, achète une paire de trucs et attaque de marcher à pied vers le sud, le long des quais.

                        

      

Il est plus de 13h, ça tape dur. Je prends un jus de canne à sucre et conseille à des allemands d'en faire de même car ils n'avaient jamais goûté et sirote le mien sous la cagne. Après quelques centaines de mètres je finis par négocier un tuk-tuk pour deux dollars seulement pour me rendre au musée du génocide cambodgien de Tuol Sleng.

J'y suis vers 14h. Je prends l'audioguide en français pour avoir toutes les explications et me laisse guider par la voix dans le casque. Le musée était auparavant un lycée. Après le 17 Avril 1975, jour de la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges, les cadres de Pol Pot le transformèrent en prison, le plus grand "centre de sécurité" du Cambodge appelé S-21.

Des milliers de personnes y furent torturés et tués, femmes et enfants compris. Les informations de l'audioguide sont précises et même dérangeantes par moment tellement qu'on a du mal à imaginer que pareilles atrocités aient pu être commises dans ce lieu il y a moins de cinquante ans.

Je vous passerai donc les détails sordides tels que comment ils exécutaient ou torturaient leurs victimes. Il y a eu plus de 20000 morts ici, la plupart enterrés dans des fosses communes au nord de la ville, et seulement 7 adultes - tous avec des compétences particulières d'art ou de métiers pouvant servir au régime - et quatre enfants furent trouvés vivants lors du démantèlement de l'endroit tenu secret bien longtemps.

L'histoire de l'un deux, artiste peintre, est saisissante. Il a subit l'emprisonnement en salle commune et quelques tortures mais l'ont ensuite épargné pour ses dons de peintre. En revanche il a du mettre en peinture nombre des exactions perpétrées par les khmers rouges.

On ne ressort pas le même d'une visite comme celle-ci. Je suis estomaqué, choqué, à la limite nauséeux, mais je peux dire que je connais alors un peu mieux l'histoire de ce  pays.

En sortant je traîne un peu avec des polonais rencontrés à Banlung qui voyage depuis le Vietnam à scooter et qui m'ont reconnu lors de la visite. Ils me payent une bière et on discute un moment. Je prends ensuite congé et marche vers le marché russe que je trouve après un peu de marche.

C'est normalement l'endroit idéal pour faire du shopping mais j'arrive vers la fermeture - il faut dire que je suis resté presque deux heures et demie à Tuol Sleng - mais j'arrive à trouver quelques vendeurs pour acheter quelques souvenirs.

Je rentre en tuk-tuk pour un peu plus qu'à l'aller mais pour aller beaucoup plus loin. Je me pose à ma guesthouse pour commencer d'écrire ma journée et goûte par la même un alcool de riz maison, sur la carte de la guesthouse, qui avoine bien.

Lorsque je rejoins la rue de mes collègues bretons j'ai un peu chaud après ce verre d'alcool qui m'a un peu retourné, à jeun. Je les trouve et on file vers un restaurant qu'ils connaissent. Ils commandes des lasagnes au boeuf qui sont paraît-il fameuses. Moi je prends un amok au poulet, servi dans la tradition, dans une feuille de bananier.

C'est sûrement le meilleur que j'ai mangé jusqu'à maintenant. On parle photo, voyage et bouffe en buvant notre bière pression Angkor.

Vers 22h on se rentre chacun chez nous. Je leur souhaite bon voyage - ils ont encore trois cent kilomètres de Mékong à parcourir à pied - et leur dit de ne pas hésiter à me contacter s'ils viennent faire un tour en Lozère.

Je rentre et finis de rédiger mon blog pour me coucher vers 23h30, prêt à passer ma dernière nuit au Cambodge.